Le retour de la vengeance d'El Gringo

En fait, pour bien comprendre cet article, il faut d'abord que je vous explique un truc : j'aime le café. J'aime le café comme breuvage, mais j'aime aussi le café en terme de lien social, comme un moment de partage et de convivialité. En clair, je ne refuse jamais un café, à n'importe quel heure du jour. Du coup je suis confronté à des café de toutes origines, réalisés de toutes les manières possibles et imaginables. Le café permet de voyager... café turc, café grec, expresso italien, lavasse américaine, café de chantier (recuit 3 fois sur la plaque de la cafetière tout au long de la journée), café "amélioré" à la mirabelle, à l'armagnac ou au whisky (à consommer avec modération)... Et on trouve de tout pour faire le café: la bonne cafetière très classique, une bouilloire et du café instantané, la machine à café du bureau, la cafetière à piston, la cafetière vapeur italienne (très prisée dans le Nord), la machine expresso toute sifflante du troquet d'à côté. Que d'objets dédiés à cette boisson, élevée au rang de rite tout autour du monde.

Alors, à la maison, cela fait pas mal de temps que j'ai une cafetière expresso, un peu comme celle qu'on trouve dans les bars, brillante, sifflante, regardant dédaigneusement les machines design aux capsules et dosettes sans âmes, très à la mode, mais qui font perdre au café sa culture, son goût et son attraint si particulier, en l'élevant au niveau de produit de luxe et de boisson de star hollywoodienne. Le café devient un marché, et au fin fond des magasins, là où je trouvais le café moulu pour ma vieille machine expresso, je ne trouve que ces paquets de capsules... alors je suis passé au café EN GRAINS, et j'ai donc fini par trouver un broyeur pas trop cher, et faute de boutique spécialisée, je cours dans mon supermarché pour acheter un paquet de café en grains...

Pour moi, pour faire un café moulu, Le Gringo du coin payait un sac de grains (sélectionné par El Gringo himself), le transport en gros bateau, puis le type avec un moulin a café (ou plutôt une usine avec un gros broyeur) pour avoir un café moulu tout juste prêt à l'emploi dans un emballage en papier... donc, en gros, dans le prix (P) de ton café moulu, tu payais le café (C), le bateau (B), le moulin (M), l'emballage (E) et le gros salaire de El Gringo (S) (bah oui, quand même... il crapahute partout dans le monde pour le trouver et le sélectionner, ton café) plus des taxes et bénéfices divers et variés (TBDV)... et donc:

P = C+B+M+E+S+TBDV soit environ 9€/kg

Là où je suis effaré, c'est que quand j'achète mon café EN GRAINS... je suis en droit d'imaginer que je ne paye pas la partie moulin qui-broie-mon-café-pour-en-faire-du-café-qui-dans-ma-machine, puisque je le fais moi-même... et bien non.

En fait, dans le rayon du magasin, tu te retrouve inveriablement devant ce constat implacable :

P = C+B+E+S+TBDV = environ 12€/kg, soit +33%

Moudre son café devient un luxe. Enfoiré d'El Gringo !!!

Comments

[Clélia]

Excellent ton article !!! J'adore la chute !
Comme j'aime peu le café, le café moulu me va très bien (1/2 cuiller à café dilué dans 3 litres d'eau...). Je peux comprendre la mode des capsules, mais comme tu le dis si bien, c'est si impersonnel, et il s'avère que c'est même pas le "meilleur" café.

Allez, je vais aller boire un thé...!