D'une maison en sommeil, qui rêve de rires d'enfants...
C'est l'histoire d'une maison. Celle de mes grands-parents. Une petite maison, au fin fond de la campagne, dans le petit village de mon enfance. Cette maison, c'est l'histoire de ma famille, c'est le foyer qui a vu grandir ma mère, mes tantes et mon oncle. Dans cette famille pas bien riche, les parents ont travaillé sans relâche pour pouvoir vivre "chez soi". Ma mère me raconte souvent combien de temps elle avait passé à nettoyer des briques de récupération avec ses frère et soeurs pour construire le garage et l'atelier. Toute la famille, petits et grands, s'est impliquée pour vivre dans cette petite maison. Sa maison, son palais...
Comme dans la chanson, les enfants sont partis, et sont arrivés les petits enfants. Et je dois dire qu'on a, tous ensemble, passé de grands moments de bonheur dans cette maison, dans le jardin, dans le verger où nous nous régalions de prunes, de groseilles, de framboises, dans le grenier aux trésors, dans l'atelier où nous fabriquions des machines merveilleuses avec des morceaux de bois et des clous. Les parties de foot endiablées sur la pelouse, les arbres dans lesquels nous grimpions. Jusqu'à mon entrée au lycée, mon intinéraire quotidien passait obligatoirement par cette maison, où la joie de vivre, la générosité du couple qui l'habitait rayonnait sur les visiteurs.
Et puis un jour, mon grand-père est parti, brutalement. Lui qui avait passé sa vie à transporter les enfants sur le chemin de l'école, s'en est allé sur la route qui mène au ciel, en laissant ma grand-mère seule entre les murs de cette maison. Peu à peu, la maison s'est faite un peu plus pesante sur son unique occupante, trop agée pour s'en occuper comme elle le méritait. Elles ont choisi de se quitter mutuellement, non sans émotions, bien entendu.
Depuis quelques mois, la maison est seule, en sommeil... parée d'un panneau "A VENDRE" sur sa façade... attendant une famille qui pourrait y vivre des moments fabuleux, attendant les rires des enfants, des pleurs parfois aussi... certes, elle aurait besoin d'une petite cure de beauté, de quelques soins, mais je sens que cette maison a soif d'une nouvelle vie...
Seulement, c'est dans ces moments là que dans les familles tout devient difficile quand il s'agit de vendre et de partager... pour quelques centaines d'euros, la maison qui les a vu grandir les voit maintenant se déchirer. L'amour et l'esprit de générosité et de partage qui règnait en ces lieux sont désormais totalement baffoués. A plus de 50 ans, leurs vies faites, leurs enfants installés.. ils préfèrent de loin l'héritage pécunier à la sagesse de leurs parents.
Et pendant ce temps là, une maison rêve de rires d'enfants...
Céd.